vendredi 16 mai 2014

Une terre, deux terres, trois terres… et les différentes formes de voyage

Corniglia (Terre 3, le village où je demeurais), vu du
sentier menant à Terre 4.
Je viens de passer quelques jours à Cinque-Terre, qui, comme son nom l’indique, regroupe essentiellement cinq petits villages rapprochés dans une même région le long de la côte méditerranéenne de l’Italie. L’attrait principal de Cinque-Terre, c’est qu’il s’agit d’un parc national, parcouru de sentiers de randonnée, qui relient les cinq villages principaux à d’autres petits hameaux et qui donnent des vues absolument magnifiques sur les montagnes, la mer et les villages. On se rend donc d’un village à l’autre à pied, en suivant divers parcours qui varient de 2 à 25 km selon le choix du voyageur. Évidemment, l’aspect particulièrement typique des villages est aussi un attrait; en bord de mer ou perché sur une corniche, ces regroupements d’à peine quelques centaines d’habitants sont célèbres pour leur photogénie.
Nous avions décidé de nous héberger dans un des villages, malgré les conseils de quelques amis qui avaient visités Cinque-Terre et qui avait choisi comme base la ville de La Spezia sise à proximité et reliée aux villages par le rail. Nous n’avons pas regretté ce choix, puisqu’il nous a permis de vivre dans le plus petit des villages (Corniglia, ou Terre 3), et d’apprécier la région sans avoir à faire des aller-retour en ville matins et soirs. Aussi, le lieu nous permettait d’entreprendre directement nos randonnées après le déjeuner en sortant de notre auberge.
Nous avons fait deux jours de randonnée. Le premier jour, nous avons marché de Terre 3 à Terre 4 (Vernazza), puis à Terre 5 (Monterosso). Puis, le second jour, nous avons marché de Terre 3 à Terre 2 (Manarola) puis avons pris le train pour Terre 1 (Riomaggiore) puisque le seul sentier reliant les deux premiers villages est fermé depuis un glissement de terrain survenu en 2011. Dans les deux cas, il s’agissait de randonnées faciles à modérées, de 4h15 et 3h15 respectivement, sans compter les visites dans les villages (où marcher dans les rues en pente ou en escalier revient souvent aussi ardu que de randonner pour s’y rendre).
Mes parents sur les sentiers.
Pendant ces deux jours, j’ai pu remarquer les diverses manières qui sont adoptées par les voyageurs pour visiter Cinque-Terre. Ainsi, dans le sentier menant de Terre 3 à Terre 4, une montée d’environ 400 m d’altitude suivie d’une descente équivalente entre lesquelles un sentier zigzague à flanc de montagne surplombant la mer, nous n’avons croisé qu’une poignée de touristes randonneurs. Entre Terre 4 et Terre 5, là où le sentier est plus populaire vu que Monterosso est le plus grand village et qu’il est le seul doté d’une plage capable d’accueillir quelques centaines de personnes, on se marchait un peu plus sur les pieds, et j’ai noté la présence de quelques groupes de randonneurs organisés. Le lendemain, entre Terre 3 et 2, sur un sentier plus montagneux et montant à 600 m d’altitude, nous n’avons guère croisé plus de deux douzaines de personnes pendant nos trois heures de marche.
Malgré cet achalandage relatif sur un des segments, l’ensemble était fort calme à comparer à certains moments où les villages étaient littéralement envahis par plusieurs centaines de visiteurs.
Un inukshuk que j'ai érigé entre Corniglia et Vernazza,
suivant une tradition personnelle de randonnée en voyage.
C’est que comme les villages sont reliés par le rail, la très grande majorité des touristes visitent Cinque-Terre en empruntant le train et en passant une demi -heure ou une heure dans chaque village, et j’en ai entendu plusieurs mentionnant que les 5 visites se faisaient en une seule journée. Certes, ils ont ainsi une idée de ce qu’est Cinque-Terre et pourront dire qu’ils ont vu les villages, mais ils perdent du même coup l’essentiel de la région, le paysage vu d’en haut, la vue des villages aperçus de loin, ou du sommet de la montagne, les autres hameaux que l’on voit ou croise (comme San Bernardino, perché à 700 m d’altitude, le microscopique hameau de Groppo ou encore Volastra caché sur une corniche dans les montagnes). Et je ne parle pas de ceux qui, visiblement, se contentent de visiter les 2 ou 3 villages les plus populaires. Ce phénomène amène deux impressions contradictoires à celui qui demeure à Cinque-Terre et parcoure ses sentiers.
Arrivée en vue de Vernazza (Terre 4). À l'arrière-plan,
Monterosso (Terre5).
La première impression vient de l’arrivée en train, achalandé, hectique, même, où les groupes sont assez nombreux pour laisser croire qu’on se marchera sur les pieds pendant tout le séjour. La seconde impression, dans les sentiers et les villages, en l’absence des groupes ou après leur départ à La Spezia où ils sont hébergés, est celle d’un lieu unique, baigné d’un calme où les bruits dominants sont celui du coq qui chante et du carillon de la petite église du village.
Enfin, ces différentes manières de visiter Cinque-Terre apportent une expérience totalement différente au voyageur, et je peux témoigner de la chose puisque vu la fermeture du sentier reliant Terre 1 et 2, nous avons visité Riomaggiore comme les touristes de masse, c’est-à-dire en y arrivant et en le quittant par le train. Malgré la beauté de l’endroit – aussi photogénique que les autres – j’avoue qu’il s’agit du village qui m’a laissé le moins bon souvenir.
Vernazza
Il n’a pourtant rien de particulier à envier aux quatre autres, mais dans leur cas, il me semblait les avoir anticipés et en avoir gagné l’accès lors des randonnées; il n’y a rien de plus merveilleux, à Cinque-Terre, que de voir le tout petit village perché sur une corniche, où vous voulez vous rendre, et de le voir sous divers angles, se rapprocher lentement à mesure que la randonnée avance, puis d’en distinguer les détails avec plus de précision, jusqu’à en atteindre ses vieilles rues pavées de pierre. Or ce sentiment est complètement absent lors de l’arrivée en train.


Vue de Vernazza (Terre 4) captée du sentier
menant à Terre 5.

Monterosso, et sa plage sur la Méditerranée.

À Monterosso (Terre 5)

De Monterosso. Au centre, loin à l'horizon, on peut
repérer Corniglia (Terre 3), d'où nous avons marché.

L'église San Pietro de Corniglia. À droite, sous l'arbre, les
fenêtres de notre auberge.
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2 commentaires:

  1. Cela me rappelle de beaux souvenirs ainsi que la discussion de mon billet de blogue où tu étais intervenu. Je suis heureux de voir que tu sembles avoir apprécié.

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    1. Merci Jean-Louis, effectivement, j'avais pris note de l'intérêt de visiter l'endroit à pied, et non en train ou en auto. Comme tu as pu lire ci-haut, je suis 100% d'accord avec ce que tu avais écris à l'époque.

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